Budget 2025 : le projet de Gabriel Attal prévoit de nouvelles coupes pour la transition écologique
Par Anne FEITZ Publié le 29 août 2024 à 14:33Mis à jour le 29 août 2024 à 20:02
La « lettre plafond » envoyée par Matignon au ministère de la Transition écologique, dans le cadre de son budget 2025 « provisoire », prévoit 1,5 milliard d’euros de baisses de crédits pour MaPrimeRénov’, et le verdissement du parc automobile, par rapport au budget 2024.
Rien n’est évidemment définitif, puisqueleprojetdebudget 2025 préparé parlePremier ministre démissionnaireGabrielAttaldevra être revu et corrigé parlenouveau chefdel’exécutif. Maisla« lettre plafond » envoyée il y a dix jours par Matignon au ministèredelaTransitionécologique, révélée en partie parlesite spécialisé Contexte, n’augure riendebonpourlatrajectoire carbonedelaFrance dans les années à venir.
MaPrimeRénov’ etlebonus automobile : les principaux leviers envisagéspourréduire les émissionsdegaz à effetdeserre des secteurs les plus pollueurs sont sacrifiés. Au total, selon nos propres informations, ces enveloppes seraient amputées d’environ 1,5 milliard d’euros (en créditsdepaiement), par rapport au budget 2024. Elles avaient déjà subi un coupderabot substantiel (de1 milliard) lorsque Bercy avait annoncé 10 milliards d’euros d’économies en février.
Non-consommationdel’enveloppe
L’enveloppe attribuée à MaPrimeRénov’, prévuepouraider les particuliers à lancerlarénovation énergétiquedeleurs logements, serait diminuée d’environ 1 milliard d’euros - et donc maintenue à son niveau aprèslecoupderabotdefévrier, à 3 milliards d’euros.
En février,legouvernement avait justifiélachute du budget des aides parlanon-consommationdel’enveloppe en 2023 et au débutde2024.LaréformedeMaPrimeRénov’ engagée début 2024pourfavoriser les rénovations d’ampleur avait, il est vrai, fait plongerlenombrededossiers, maislerétropédalage opéré en mars avait inversélatendance. Fin juillet, alors que 1 milliard seulement, sur les 3 prévus en 2024, avait été consommé, les professionnels observaient un nouvel attentisme des propriétaires à engager des travaux, tant quelasituation politique ne serait pas éclaircie.
L’autre grande coupe envisagée, qui risquederalentir sérieusementladécarbonationdelamobilité, est celledel’enveloppe consacrée au verdissement du parc automobile : elle tomberaitde1,5 à 1 milliard d’euros. Il s’agiraitderéduire encorelebonusécologique(accordé aux acheteursdevoitures électriques neuves) oudelimiterleleasing social (permettant aux ménages modestes d’acquérir une voiture électrique à 100 euros par mois). Les crédits prévus sur les transports en commun seraient aussi sérieusement réduits.
Lebonus avait déjà été raboté en début d’année, et réorienté sur les personnes à faibles ressources, tandis quelesuccès du leasing social avait conduitlegouvernement à fermerleguichet dès février, après 50.000 commandes. L’une des mesuresdecampagnedeGabrielAttal, avant les législatives, consistait pourtant à doublerlenombrededossiers correspondants en 2025.
Douche froide
EnfinleFonds vert, destiné à aider les collectivités locales à engager leurtransitionécologique, ne comporterait pasdenouveaux crédits. Les crédits versés atteindraient environ 300 millions, compte tenu des engagements pris les années précédentes.LeFonds vert serait dotédeseulement 1 milliard d’euros d’autorisations d’engagements en 2025, à dépenser les années suivantes.
Outil jugé indispensable pardenombreux territoires, qui l’utilisentpourlarénovation thermiquedeleurs bâtiments oupourchanger leur éclairage public, il avait déjà été réduitde2,5 à 2 milliards d’euros en février, lors des dernièrescoupesbudgétaires. MaisleministredelaTransitionécologique, Christophe Béchu, avait annoncé en grande pompe en avril qu’il serait sanctuarisé à ce niveau.
Même provisoire, cette lettre plafond risque d’avoir l’effet d’une douche froide sur les professionnels et les investisseurs, publics ou privés, qui ont besoindestabilitépourengager les dépenses nécessaires àlatransitionécologique.
Et ce, même si parallèlement les crédits prévuspourledéveloppement des énergies vertes augmententde4,5 milliards d’euros : une hausse mécanique et non pilotable liée aux contrats d’achatdel’électricité renouvelable, compte tenudelaforte baisse des prixdel’énergie. Au total, et compte tenudecette hausse mécanique,lebudget du ministère serait appelé à augmenterde2,8 milliards d’euros.
« Cette lettre plafond ne veut pas dire grand-chose en elle-même : tout dépend en réalité du contenu précis des mesures envisagées, comme les barèmes du bonus automobile, par exemple. Par ailleurs, nombre descoupesenvisagées n’ont aucune chance d’être adoptées au Parlement : les élus locaux ne voteront pas un Fonds vert réduit à zéro alors qu’ils ont planifié des investissements, veut croire un bon connaisseur du dossier. Il n’empêche, c’est très mauvaispourlatransitionécologique, car cette lettre risquedeservirdepointdedépart aux négociations lors des vraies discussions budgétaires. »
Legouvernement démissionnaire avait décidé que les crédits alloués dans ce budget 2025 seraient globalement stables, en valeur absolue. Ce qui, compte tenudel’inflation, revient à trouver environ 10 milliards d’économies l’an prochain, avait expliqué Matignon en présentant ces travaux.___